vendredi 9 mars 2007

Poubelle à dés


Dans cette traduction de la locution latine « alea jacta est », les dés symbolisent bien évidemment le hasard. Cette sympathique métaphore entre le concept de hasard et l’objet « dés » a malheureusement détourné notre attention de l’autre mot important du proverbe : « jetés » !

L’erreur courante est de prendre ce verbe au sens de « lancer » ou de « projeter ». Les dés seraient jetés en l’air et on attendrait impatiemment l’instant où ils retomberaient. Tout serait déjà déterminé, on ne pourrait plus rien y changer, et voir le résultat du lancer ne serait plus qu’une question de temps.

Du reste, l’usage métaphorique de « dés » pèse lourd dans cette confusion, puisque « lancer » est bien ce qu’on fait d’eux en y jouant. (Signalons au passage que dire « le hasard est lancé » n’a aucun sens.)

En fait, il convient de prendre le verbe « jeter » au sens de « éliminer », « évacuer », « se débarasser de ». Les dés sont éliminés. Eh oui, ce proverbe signifie en réalité que le hasard n’existe pas ! On l’a vidé, balancé, bazardé ! Hop ! Les dés sont jetés… à la poubelle !

Bref, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des décisions et des choix, avec leurs conséquences. Derrière l’illusion d’un proverbe fataliste se cache une ode à la détermination et à la volonté. Tout le contraire !


Un dernier mot sur le hasard, pour citer Dee Pak Chopra qui a écrit : « le hasard, c’est le nom que Dieu a choisi pour passer inaperçu. » Dieu n’étant pas un démiurge barbu perdu sur un nuage…

Aucun commentaire: